Retour

Fidélisation des employés : affronter le dilemme de la flexibilité du travail de première ligne

Par Derek W. Dobson, chef de la direction et gestionnaire du Régime de retraite des CAAT

La couverture de l’industrie montre que les fabricants repensent leurs stratégies commerciales et de développement de la main-d’œuvre. La concurrence pour la rétention des talents qualifiés est déjà serrée et ce phénomène va se poursuivre au cours des prochaines années, car environ 12 % des Canadiens envisagent de quitter leur poste dans les douze prochains mois, soit près du double du taux observé au début de 2022.

Les gouvernements et les entreprises qui souhaitent éliminer les risques liés aux chaînes d’approvisionnement, améliorer les délais de livraison et optimiser la gestion de l’inventaire investissent dans la production nationale. Cependant, il y a une pénurie de travailleurs qualifiés ou expérimentés afin de répondre à la demande, ce qui pousse les employeurs à redoubler leurs efforts en vue de motiver et de fidéliser son effectif. Dans un marché des talents très concurrentiel, les employeurs qui évaluent de manière proactive les stratégies de fidélisation en intégrant la flexibilité et les avantages financiers peuvent devancer leurs rivaux.

La réduction des facteurs de stress qui sont à la base des décisions en matière d’emploi peut susciter la loyauté des employés. Au fur et à mesure que les demandes des employés se multiplient, maintenir la cadence peut s’avérer difficile surtout lorsque le travail sur place est généralisé, comme c’est le cas dans les domaines de la fabrication, de l’emballage et de l’ingénierie.

Le dilemme de la flexibilité du travail de première ligne

Le maintien d’un équilibre sain entre le travail et la vie personnelle est un facteur de stress important pour un grand nombre de Canadiens. Des appels en faveur des accommodations de travail flexibles amplifient chaque année, menant quelques gouvernements canadiens et américains à proposer des politiques de déconnexion et des semaines de quatre jours. Les dirigeants qui font face au dilemme de la flexibilité du travail de première ligne savent que les rôles essentiels ont peu de moyens de soutenir les options de travail à distance ou flexible, et pourtant, l’incapacité à répondre aux attentes des employés peut provoquer la déconnexion et le mécontentement sur le lieu de travail.

Les cultures organisationnelles qui favorisent la santé et le bien-être des employés viseront à atténuer un autre facteur de stress important pour les Canadiens, soit atteindre la sécurité financière. Selon un récent sondage, le salaire et les avantages sociaux ont été cités comme la caractéristique la plus importante d’un emploi, ce qui rend les avantages sociaux qui préservent la rentabilité de la rémunération encore plus attrayants.

Récompenser les employés au-delà du chèque de paie

Un régime de retraite sur le lieu de travail offrant un revenu de retraite viager avec une protection contre l’inflation représente un nouvel élément de différenciation pour les employés en situation de stress financier. En effet, sept travailleurs sur dix préféreraient un meilleur régime de retraite à un salaire plus élevé et 86 % des employeurs qui proposent un régime de retraite affirment que celui-ci est extrêmement ou très important en ce qui concerne le recrutement, la fidélisation et la réduction du stress.

Les régimes à prestations déterminées (PD), autrefois une pierre angulaire de l’expérience des employés, palliaient le stress financier et les angoisses imminents, mais leurs nombres ont diminué au cours des décennies récentes malgré les pressions économiques qui les rendent plus utiles et pertinents aux travailleurs d’aujourd’hui :

  • les Canadiens s’inquiètent de l’incidence du coût de la vie sur leur capacité à faire face aux dépenses quotidiennes (88 %) et à épargner pour la retraite (85 %),
  • sept Canadiens sur dix craignent de ne pas épargner suffisamment pour la retraite, en particulier les femmes qui courent un plus grand risque d’insécurité de la retraite que les hommes,
  • les employeurs sont conscients que les pressions financières exercées sur les foyers ont une incidence sur les lieux de travail et l’augmentation des salaires pour retenir les employés. Les salaires dans le secteur manufacturier ont augmenté de 8,2 % et les services professionnels, scientifiques et techniques ont augmenté de 9,7 %.

Il n’est pas nécessaire de remonter loin dans le passé afin de se rappeler qu’une carrière à vie dans le secteur manufacturier était très souhaitable et satisfaisante, en partie parce que les employés pouvaient s’attendre à recevoir un revenu de retraite viager. En intégrant un régime à prestations déterminées moderne à l’expérience offerte aux employés sur leur lieu de travail, les fabricants peuvent réussir à recruter et à retenir un plus grand nombre de travailleurs dans le secteur, y compris les femmes et les travailleurs qualifiés lorsque les modalités de travail flexibles ne sont pas possibles.

Alors que les employeurs continuent à adopter une approche différente en ce qui concerne le bien-être au travail et la rémunération globale, les entreprises devront examiner divers avantages sociaux, au-delà du chèque de paie, qui atténuent les facteurs de stress financiers. Cette initiative concorderait avec les efforts globaux du secteur visant à se moderniser et à éliminer les préjugés associés à la carrière et à la satisfaction. En collaboration avec tous les efforts déployés afin de transformer la façon dont le travail est effectué, en améliorant les procédures de sécurité, la propreté et la productivité, l’augmentation des investissements dans le bien-être global et financier des employés démontrerait un engagement continu en faveur de l’épanouissement du talent tout au long d’une carrière satisfaisante.

 

*Publié à l’origine sur le site Web de Canadian Manufacturing.