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La valeur sociale des pensions

Par Derek W. Dobson, chef de la direction et gestionnaire du Régime de retraite des CAAT

Partout dans le monde, les citoyens, les investisseurs et les politiciens demandent aux entreprises de démontrer que les affaires ne se limitent pas aux résultats financiers. Ils tiennent les entreprises responsables du bien-être de notre société et de notre planète, en veillant à ce que les engagements pris soient respectés.

Dans le secteur des régimes de retraite, l’engagement à assumer nos responsabilités plus importantes relève des initiatives d’investissement responsable ou durable, qui décrivent l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la prise de décisions de placement. Étant donné que les facteurs ESG deviennent de plus en plus un terme courant, les employeurs peuvent améliorer leur contribution sociale (pilier « S » des facteurs ESG) en reconnaissant la valeur sociale des programmes d’épargne-retraite durables pour les employés.

Le pilier social ou « S » désigne la valeur sociale offerte par les produits et services d’une entreprise ainsi que les effets de son positionnement sur les questions sociales. Le concept repose sur le principe qu’une entreprise peut apporter une plus grande contribution à la société grâce à ses produits, aux prestations qu’elle procure à son personnel et à ses actions dans les collectivités locales.

La valeur sociale désigne les contributions quantitatives et

qualitatives qu’une entreprise apporte à la société. Elle sert

de cadre pour mesurer l’impact des activités d’une entreprise

sur l’amélioration de la qualité de vie des gens.

En raison de leur conception, les pensions reflètent un investissement responsable et à long terme dans le bien-être et la sécurité financière des travailleurs et peuvent être considérées comme l’un des principaux moteurs du pilier « S ». Aujourd’hui, les Canadiens de tous les groupes démographiques et, plus récemment, de tous les secteurs ont accès à la sécurité de la retraite (avec des régimes à prestations déterminées comme le Régime de retraite des CAAT ouvert aux secteurs privé et sans but lucratif du Canada, et OPTrust destiné aux employés du secteur sans but lucratif de l’Ontario). Les efforts déployés par l’industrie des régimes de retraite pour améliorer l’accès des travailleurs à des régimes abordables constituent une victoire pour l’ensemble du Canada, avec des avantages sociétaux plus vastes.

De plus en plus d’études ont révélé que les retraités comptent moins sur les programmes d’aide sociale et jouissent d’une plus grande sécurité financière pour vivre de façon autonome en tant que personnes âgées. Cela aide à protéger les systèmes de sécurité sociale, de soins de santé et de talents du pays – un résultat à long terme qui est bon pour les travailleurs, les entreprises et le Canada dans son ensemble.

L’équipe du Régime des CAAT et moi-même affirmons depuis longtemps que les pensions durables et le revenu de retraite viager qu’elles procurent améliorent la qualité de vie des retraités, des employés, de leurs familles et de leurs réseaux. Pourquoi un plus grand nombre d’intervenants reconnaissent-ils maintenant la valeur sociale des pensions? Parce que, dans un contexte de volatilité des marchés et d’inflation, le Canada fait face à une crise de l’épargne-retraite qui nécessite une solution.

Prendre sa retraite à un moment où les coûts des soins de santé et de la vie augmentent

La grande majorité des Canadiens n’épargnent pas suffisamment pour leur retraite et risquent de voir leurs épargnes s’épuiser. La plupart des Canadiens épargnent en vue de la retraite sans connaître le coût réel des soins de santé et d’une retraite confortable. Une étude commandée par le Canadian Public Pension Leadership Council montre que les personnes qui n’ont pas de régime de retraite offert par leur employeur ont une épargne médiane d’un peu plus de 3 000 $. En moyenne, 70 % des Canadiens craignent de ne pas épargner suffisamment pour la retraite et 62 % craignent d’épuiser leur épargne-retraite.

Les travailleurs qui dépendent du RPC/RRQ et de la SV pour assurer leur revenu de retraite ne se rendent souvent pas compte, avant d’avoir pris leur retraite, que ces programmes ne visent qu’à couvrir les dépenses de base, et non la qualité de vie que bon nombre d’entre eux souhaitent ou s’attendent à vivre à la retraite. Maintenant, dans un contexte d’incertitude sur les marchés, de risques géopolitiques, de hausse des coûts de la vie et des soins de santé, les perspectives sont encore plus préoccupantes pour ceux qui n’ont pas de régime de revenu de retraite sûr et durable assorti d’ajustements au coût de la vie.

La bonne nouvelle, c’est que les Canadiens vivent en moyenne plus longtemps. Un retraité canadien typique devrait planifier sa retraite sur plus de 30 ans, et pourtant, plus une personne vit longtemps, plus ses coûts en soins de santé et son coût de la vie continuent d’augmenter.

Les Canadiens de 64 ans et moins dépensent en moyenne

2 700 $ par personne en soins de santé. La moyenne des

dépenses par personne pour les Canadiens âgés de 65 ans et

plus? Plus de quatre fois plus élevées, à 12 000 $.

Selon l’Association médicale canadienne, les aînés sont maintenant plus nombreux que les enfants pour la première fois dans l’histoire du Canada. D’ici 2056, un tiers de la population aura plus de 65 ans, et les changements démographiques ont déjà eu des répercussions importantes sur le système de santé. Quand on fait le total, les aînés représentent actuellement un cinquième de la population, mais ils représentent près de la moitié de toutes les dépenses en soins de santé.

La solution de retraite pour la population vieillissante du Canada

Les pensions améliorent la sécurité de l’une des populations les plus vulnérables de la société, les aînés, et génèrent des avantages sociaux et économiques pour l’ensemble des Canadiens. Une étude menée par le Centre canadien d’analyse économique (CANCEA) a révélé que chaque tranche de 10 $ qu’un retraité reçoit génère 16,72 $ d’activité économique pour le pays, ce qui représente une somme de 82 milliards de dollars dans le PIB national. C’est un peu plus que le PIB de la Saskatchewan, ou de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve réunies.

Dans les collectivités rurales et urbaines à travers le Canada, les dépenses liées aux régimes de retraite soutiennent 877 100 emplois locaux et 55 500 petites entreprises qui, pour la plupart, emploient de jeunes travailleurs, un groupe démographique de la main-d’œuvre qui joue un rôle essentiel dans la reprise économique du pays. Les dépenses liées aux prestations versées ont contribué à hauteur de 21 milliards de dollars en recettes gouvernementales, qui peuvent ensuite être dépensées pour soutenir les services gouvernementaux visant à améliorer la qualité de vie.

D’autres études menées par le CANCEA en Ontario ont révélé que les retraités sont plus actifs dans leur communauté, sont plus enclins à faire des dons caritatifs et sont plus satisfaits de leur santé. En fait, l’étude a révélé que 90 % des participants retraités attribuent un niveau de satisfaction plus élevé à l’égard de la vie au fait de bénéficier d’un régime de retraite à prestations déterminées.

Dans les quatre domaines qui déterminent la satisfaction à

l’égard de la vie (la sécurité financière, la santé mentale et

physique, l’engagement communautaire et les loisirs, et la

payé à vie était un facteur de différenciation.

Comme nombre d’entre nous ayant des enfants ou des parents vieillissants l’ont envisagé, la sécurité financière des aînés peut réduire considérablement le stress et le fardeau des familles et des aidants personnels. Les retraités sont moins stressés pendant leurs années de travail en n’ayant pas à se préoccuper autant de leur épargne-retraite, ce qui n’est pas le cas de nombreux Canadiens qui n’ont pas de régime. De plus, ils sont mieux équipés pour vivre une vie financièrement indépendante à la retraite, ce qui allège le fardeau de leur famille et leur permet de profiter de leurs vieux jours à domicile, de payer les médicaments et de maintenir un mode de vie sain plus facilement.

Les aînés qui jouissent d’une sécurité financière sont généralement en meilleure santé et comptent moins sur les programmes sociaux et d’aide au revenu. Pour mieux gérer les changements démographiques imminents et les coûts en aval, le Canada doit se doter d’une stratégie globale sur le vieillissement dont le pilier central est un système de retraites en milieu de travail solide et efficace.

Les pensions constituent un investissement dans le bien-être et la longévité des Canadiens, ce qui représente une valeur sociale dont les promoteurs de régimes et les employeurs participants peuvent être fiers. L’ensemble de la société canadienne bénéficie d’un système de retraite largement accessible, auquel le Régime des CAAT est fier de participer. Le partage des avantages économiques tangibles et des avantages sociaux indirects des régimes de retraite qui améliorent la vie de tous les Canadiens – en tant que travailleurs, contribuables et futurs retraités – élargit les voies que les entreprises peuvent emprunter pour bâtir un avenir plus durable.